Le conflit en Ukraine continue de générer des conséquences dévastatrices, tant sur le plan humain que sociétal. Un nouveau rapport de la Yale School of Public Health met en lumière un programme inquiétant orchestré par la Russie : l’adoption forcée d’enfants ukrainiens. Ce phénomène tragique, qui se déroule en marge des hostilités, soulève des questions sur les violations des droits de l’homme et sur l’impact psychologique sur les jeunes victimes, tout en illustrant la volonté de Moscou de russifier ces enfants. Ce rapport rend compte d’une réalité souvent méconnue, révélant les rouages législatifs et logistiques de cette opération alarmante.
Un rapport récemment publié par la Yale School of Public Health met en lumière les atrocités du programme d’adoption forcée d’enfants ukrainiens par la Russie. Ce document, considéré comme l’une des évaluations les plus complètes à ce jour, fournit des preuves troubles et inquiétantes d’une politique organisée visant à « russifier » les enfants uproots de leur terre natale. L’étude souligne les rouages législatifs et logistiques de ce programme, tout en révélant un niveau de criminalité alarmant, qui pourrait équivaloir à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Une étude approfondie et alarmante
La Yale Humanitarian Research Lab a présenté ce rapport le 3 décembre dernier, après avoir consacré plusieurs mois à analyser le transfert d’enfants ukrainiens vers la Russie depuis le début du conflit. À travers cette étude de 86 pages, les chercheurs ont identifié au moins 314 enfants âgés de 2 à 17 ans qui ont été transférés vers 21 régions russes. En outre, parmi eux, 148 enfants étaient répertoriés dans les bases de données d’adoption russes, tandis que les autres avaient été placés directement chez des citoyens russes.
Des mécanismes de déportation soigneusement orchestrés
Le rapport révèle que ce programme d’adoption forcée n’est pas le fruit du hasard, mais plutôt le résultat d’une orchestration complexe dirigée par le Kremlin. Il note que les transferts d’enfants ont commencé dès le 18 février 2022, peu avant l’invasion officielle de l’Ukraine. Au fil de ce processus, des actes de tromperie ont été mis en œuvre, permettant ainsi de présenter ces enfants comme s’ils venaient de la Russie, ce qui dissimule l’ampleur réelle du phénomène.
Un objectif désolant : la russification
Le but derrière ce programme d’adoption forcée est de « effacer l’identité culturelle et nationale » des enfants ukrainiens. Cette entreprise est menée par le président russe, Vladimir Poutine, et sa « commissaire aux enfants », Maria Lvova-Belova, qui bénéficient du soutien d’une structure bureaucratique bien établie. Des responsables comme le ministre de l’Éducation et d’autres figures clés des administrations régionales occupées par la Russie participent activement à la mise en œuvre de ce sinistre projet.
Manipulations législatives et logistiques
Pour faciliter cette opération, des modifications législatives ont été introduites en Russie. De nouvelles lois ont permis aux autorités russes de contourn er les obstacles juridiques qui entravaient l’adoption d’enfants ukrainiens. Parallèlement, le gouvernement a mobilisé des fonds fédéraux pour soutenir les organismes qui prennent en charge l’inscription des enfants dans des programmes d’adoption.
Un lien avec des groupes paramilitaires
Les modalités des transferts ont également soulevé des questions quant à l’implication de groupes paramilitaires, notamment Wagner. Les informations indiquent que certaines opérations de transport des enfants étaient assurées par les forces aérospatiales russes, suggérant que ce programme pourrait être encore plus vaste et bien coordonné que ce qui avait été initialement pensé.
Des enfants victimes d’une rééducation et d’une instrumentalisation
Les enfants enlevés se retrouvent souvent dans des centres de transit, où ils subissent des examens médicaux, des psychologiques et une rééducation pro-russe. Cela inclut l’apprentissage de récits glorifiant la Russie et minimisant le droit de l’Ukraine à la souveraineté. En dehors des mesures éducatives, de nombreuses activités semblent viser à créer un lien émotionnel avec le nouvel État, tout en annihilant les racines ukrainiennes de ces enfants.
Un potentiel pour des crimes de guerre
Les chercheurs de la Yale HRL prévoient que ce rapport pourrait servir de base pour renforcer les accusations contre les autorités russes dans le cadre de la Cour Pénale Internationale. Les preuves recueillies pourraient appartenir aux chefs d’accusation de déportation illégale d’enfants, un crime contre l’humanité, et pourraient même soutenir des affirmations de génocide sous le Statut de Rome.
En somme, cette enquête renforce l’idée que la guerre en Ukraine dépasse largement les conflits armés. Elle révèle un autre niveau de violence dirigé contre ceux qui ne peuvent pas se défendre : les enfants, dont l’avenir est en péril à cause des machinations d’un pouvoir dont les ambitions géopolitiques ne connaissent aucune limite.