En Algérie, les élections présidentielles ne se limitent pas à un simple processus démocratique, mais constituent un véritable enjeu pour la pérennité du système politique. Alors qu’Abdelmadjid Tebboune, à 78 ans, se prépare à briguer un second mandat, des interrogations surgissent sur la nature des adversités qui se dressent devant lui. Profitant de son expérience et du soutien indéfectible de l’armée, le président sortant pourrait-il renforcer encore le système qu’il avait hérité, en dépit des promesses de changement formulées lors de son accession au pouvoir en 2019, en plein mouvement du Hirak? Les réactions des différents acteurs politiques et le sentiment populaire témoignent d’une dynamique complexe où le retour en arrière peut sembler être une réalité face aux défis contemporains.
La situation politique en Algérie est marquée par des dynamiques complexes, où la santé du système en place dépend largement de la réélection potentielle d’Abdelmadjid Tebboune. Élu en décembre 2019, au cœur des tumultes du mouvement populaire du Hirak, son mandat a été symboliquement associé à des promesses de changement que les résultats concrets peinent à valider. À l’approche des élections, les interrogations se multiplient : cette réélection pourrait-elle renforcer les fondations du régime existant plutôt que d’introduire les réformes attendues ?
Le climat politique avant les élections
Le climat politique en Algérie, à l’approche des élections, semble être en faveur de Tebboune. La recherche de légitimité s’est intensifiée, alors que le président met en avant son expérience et son ancienneté. À 78 ans, il apparaît comme le candidat الوحيد sur la scène électorale, avec peu d’adversaires pouvant réellement contester son autorité. Ses concurrents, Youssef Aouchiche et Abdelaali Hassani Cherif, semblent davantage servir de figurants dans un processus préétabli, illustrant ainsi le manque de diversité politique dans une élection qui pourrait être perçue comme biaisée.
Le retour en arrière après le Hirak
Après avoir initialement surfé sur la vague des protestations sociales incarnées par le Hirak, le président semble avoir opéré un virage significatif. Les espoirs de réformes et de changements institutionnels n’ont pas été concrétisés. Au contraire, des mesures ont été mises en place pour maintenir le statu quo. En nommant des figures proches de l’ancien système à des postes clés et en restreignant les libertés d’expression, le fossé entre les attentes populaires et les actions gouvernementales ne cesse de se creuser.
Des tensions géopolitiques comme levier électoral
Tebboune a habilement utilisé le sentiment anti-Maroc comme un outil de mobilisation, se positionnant en défenseur des intérêts nationaux face à un voisin perçu comme une menace. Cette stratégie n’est pas nouvelle en Algérie ; elle permet de détourner l’attention des problèmes intérieurs en se concentrant sur des enjeux externes. En intégrant ce récit nationaliste dans sa campagne électorale, il renforce une image d’unité, même si cela l’éloigne des réformes sociales et économiques nécessaires.
Le soutien militaire : une pierre angulaire du système
Un des éléments les plus déterminants du maintien de Tebboune au pouvoir est son lien avec l’armée, un acteur clé de la politique algérienne. Le soutien militaire permet non seulement une stabilité à court terme, mais il cristallise également les fondements du régime. En juin dernier, Tebboune a signé un décret permettant aux militaires de gérer certaines administrations civiles, consolidant ainsi leur influence sur des secteurs critiques de l’État. Cela pose la question de la véritable indépendance des institutions en Algérie et souligne la fragilité d’un système qui se nourrit de l’autoritarisme.
Répercussions d’une réélection sur l’avenir du pays
Si la réélection d’Abdelmadjid Tebboune se concrétise, les conséquences sur le pays risquent d’être profondes. La continuité du régime pourrait signifier un renforcement des structures de pouvoir existant sans véritable remise en question ni réforme essentielle. Les jeunes Algériens, porteurs d’un espoir de changement, seront de plus en plus frustrés face à une politique qui les ignore. Ainsi, l’idée d’un changement pacifique et constructif pourrait s’évanouir, rendant le climat social encore plus tendu.