L’Allemagne a récemment suscité la controverse en exigeant des candidats à la nationalité allemande qu’ils reconnaissent le droit de l’État d’Israël à exister. Cette nouvelle mesure a soulevé des questions sur les conditions d’octroi de la citoyenneté et les implications politiques qui en découlent.
Dans le cadre d’une réforme de la nationalité récemment mise en vigueur, l’Allemagne demande désormais aux candidats à la naturalisation de répondre à des questions spécifiques sur l’antisémistime, la reconnaissance du droit d’Israël à exister, et la vie juive en Allemagne.
Allégements et nouvelles contraintes
Sous l’impulsion de la coalition en feu tricolore dirigée par le chancelier Olaf Scholz, cette réforme vise à assouplir les conditions d’obtention de la nationalité allemande. Parmi les mesures phare, les demandeurs ne sont plus tenus de renoncer à leur nationalité d’origine. Les travailleurs invités, principalement venus de Turquie entre 1955 et 1972, bénéficient également de délais d’obtention réduits, désormais de huit à cinq ans, voire moins en cas d’intégration réussie.
En revanche, cette flexibilité accrue s’accompagne de nouvelles exigences. Les candidats doivent répondre lors de leur examen de naturalisation à des questions sur l’antisémitisme et la légitimité de l’État d’Israël, une inclusion destinée à sensibiliser aux enjeux historiques et actuels de la vie juive en Allemagne.
Révision des questions de l’examen de naturalisation
Les candidats à la citoyenneté allemande devront aborder des sujets tels que:
- La responsabilité historique de l’Allemagne vis-à-vis du régime national-socialiste et de ses conséquences.
- La protection de la vie juive en Allemagne.
- La reconnaissance du droit d’Israël à exister.
Parmi les questions posées, on retrouve: « Comment s’appelle le lieu de culte des juifs ? », « Quand l’État d’Israël a-t-il été fondé ? », et « Pourquoi l’Allemagne a-t-elle une responsabilité particulière vis-à-vis d’Israël ? ».
La situation actuelle de l’antisémitisme en Allemagne
Comme d’autres nations européennes, l’Allemagne est confrontée à une montée inquiétante de l’antisémistime. Depuis le 7 octobre, les actes antisémites ont augmenté de 80% en 2023, selon un rapport récent. La majorité de ces incidents ont été enregistrés après l’attaque du Hamas contre Israël, illustrant un contexte de tension qui pèse sur la vie juive en Allemagne.
Les conséquences d’une nouvelle législation
La réforme introduit également une mesure permettant à l’État de révoquer la nationalité allemande dans les dix ans si le candidat a menti durant le processus de naturalisation. « Celui qui ne partage pas nos valeurs ne pourra pas obtenir de passeport allemand », a précisé la ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser. En revanche, elle a souligné que quiconque adhère aux valeurs allemandes et fait preuve d’efforts pourra obtenir plus facilement la citoyenneté sans renoncer à son identité d’origine.
Les réactions à la réforme
Cette nouvelle législation a suscité une vive controverse en Allemagne. Les opposants, notamment des partis de droite comme la CSU et l’AfD, ont critiqué cette réforme jugée trop permissive. Alexander Dobrindt, figure de la CSU, a accusé le gouvernement de « brader le passeport », tandis que la CDU a dénoncé une « loi sur la dévaluation de la citoyenneté ». Quant à l’AfD, elle regrette l’« assouplissement des exigences » pour obtenir « le bien le plus précieux qu’un État puisse offrir ».
À l’inverse, la coalition au pouvoir justifie cette réforme par la nécessité de combler un important déficit de travailleurs qualifiés en Allemagne.