Le Brésil a récemment pris position en demandant à Meta de mettre fin à l’utilisation des données personnelles pour le développement de l’intelligence artificielle. Cette décision soulève des questions cruciales sur la protection de la vie privée et l’éthique dans l’utilisation des informations sensibles par les grandes entreprises technologiques.
Au Brésil, un organisme de régulation a pris une décision marquante en demandant à Meta, la maison mère des réseaux sociaux Facebook et Instagram, de suspendre l’utilisation de données personnelles d’usagers brésiliens pour entraîner des modèles d’intelligence artificielle (IA). Cette décision, qualifiée de « recul » par l’entreprise américaine, met en lumière les préoccupations croissantes liées à la protection des données personnelles et aux implications de l’IA.
Décision de l’Autorité Nationale de Protection des Données (ANPD)
L’Autorité nationale de protection des données (ANPD) a émis cette décision en avertissant Meta qu’une amende de 50 000 réais (environ 8200 euros) par jour serait infligée si elle ne se conformait pas à cette mesure préventive. Le Brésil constitue un marché crucial pour Meta, avec environ 109 millions d’utilisateurs actifs sur Facebook et 113 millions sur Instagram.
Risques pour les droits fondamentaux des usagers
Selon un texte publié mardi au Journal officiel, l’ANPD a exigé la « suspension immédiate » au Brésil des aspects de la nouvelle politique de confidentialité de Meta. Cette politique a été mise en place le 26 juin et concerne l’utilisation de données personnelles pour l’entraînement de systèmes d’IA générative. L’organisme de régulation a considéré que ces nouvelles conditions présentaient un « risque imminent de dommages graves et irréparables ou difficilement réparables des droits fondamentaux » des usagers de ses plateformes.
Critiques et manque de transparence
En outre, l’ANPD a critiqué Meta pour le manque d’informations « adéquates » sur les « possibles conséquences » de l’utilisation de données personnelles pour développer l’IA. Cette insuffisance d’informations adéquates est particulièrement préoccupante pour un organisme chargé de veiller à la protection des droits des citoyens.
Réaction de Meta
Un porte-parole de Meta a exprimé sa déception face à cette décision des autorités brésiliennes dans un communiqué envoyé à l’AFP. L’entreprise a fait valoir qu’elle n’était pas la seule à avoir mis en place de telles pratiques et a assuré être « plus transparente que beaucoup d’autres acteurs de ce secteur ». Selon Meta, cette mesure représente un « recul pour l’innovation et la compétitivité » du développement de l’IA et retarde l’arrivée des avantages de l’IA pour les usagers au Brésil.
Précédents en Europe
L’utilisation de données personnelles par Meta pour entraîner des modèles d’IA avait déjà suscité des critiques dans d’autres régions du monde. En juin, l’entreprise avait décidé de suspendre la mise en œuvre de sa nouvelle politique de confidentialité dans l’Union européenne, après avoir été visée par des plaintes dans 11 pays européens.
Enjeux et perspectives
Cette décision de l’ANPD reflète les défis et les enjeux complexes liés à l’utilisation des données personnelles à des fins de développement d’intelligence artificielle. Les entreprises technologiques doivent naviguer entre l’innovation rapide et la protection des droits des utilisateurs, un équilibre délicat qui continuera d’être au centre des débats législatifs et réglementaires mondiaux.